McLibel et les Arches Dorées du Silence : Quand McDonald’s a poursuivi ses détracteurs

2025-05-12
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McLibel et les Arches Dorées du Silence
Résumé et commentaire de l’article de D.D. Guttenplan “McPrisonniers de conscience” (Index on Censorship, 1997)

Dans son article de 1997 « McPrisonniers de conscience » publié dans Index on Censorship, le journaliste D.D. Guttenplan relatait le désormais célèbre procès McLibel—alors le plus long de l’histoire judiciaire britannique. L’affaire opposait la multinationale McDonald’s à deux militants écologistes, Helen Steel et Dave Morris, accusés de diffamation pour leur rôle dans la diffusion d’un tract critiquant le géant du fast-food sur la santé, le bien-être animal, les droits des travailleurs et l’environnement.

L’article dresse un réquisitoire accablant contre le système britannique de diffamation et sa vulnérabilité face aux abus des grandes entreprises. Privés d’aide juridictionnelle, Steel et Morris ont dû se défendre seuls face à une multinationale disposant de moyens juridiques quasi illimités. Le procès, interminable, a mis en lumière non seulement le déséquilibre des forces, mais aussi les effets glaçants d’une stratégie judiciaire conçue pour faire taire.

Une voix particulièrement lucide dans l’article est celle de Keir Starmer—alors jeune avocat, aujourd’hui Premier ministre du Royaume-Uni—qui qualifiait McLibel de « question de droits humains extrêmement importante », avertissant que cela remettait « en cause l’ensemble du droit britannique de la diffamation ». Son analyse soulignait les enjeux démocratiques fondamentaux d’un système permettant aux entreprises d’étouffer la dissidence à coups de millions.

L’article documente aussi un schéma inquiétant d’intimidation juridique par McDonald’s avant même le procès. Entre 1986 et 1990, l’entreprise a menacé au moins 45 organisations britanniques de poursuites pour diffamation suite à des remarques critiques sur ses produits. Les cibles allaient de grands médias nationaux comme Granada Television, le Daily Mail ou la BBC, jusqu’à des journaux locaux comme le Nuneaton and Bedworth Trader ou le Leeds Student Magazine. Dans chaque cas, la menace a fonctionné : des rétractations ont été publiées, des excuses présentées, des contenus censurés. Cette offensive juridique n’a pas gagné le débat : elle a instrumentalisé la peur de la ruine financière.

La stratégie procédurale de McDonald’s devant le tribunal est tout aussi troublante. En audience préliminaire, ses avocats ont plaidé que le dossier était trop complexe pour être compris par un jury—et ont convaincu le juge d’en exclure un. Les implications sont préoccupantes. Si McDonald’s estime qu’un raisonnement juridique dépasse la compréhension d’un citoyen lambda, que penser de la complexité calculée de ses pratiques marketing ? Si la complexité devient une défense, comment attendre des consommateurs ordinaires qu’ils identifient ou dénoncent une fraude ?

Soyons clairs : le procès McLibel ne portait pas sur les fraudes massives de marketing dont McDonald’s serait ultérieurement accusé. Steel et Morris défendaient leur droit à critiquer l’entreprise sur des bases éthiques et politiques. Mais avec le recul, McLibel résonne comme un avertissement. Il révélait déjà une entreprise prête à exploiter les asymétries juridiques, à se cacher derrière des subtilités procédurales, et à étouffer la critique—autant de caractéristiques permettant aussi à la fraude de prospérer à découvert.

Rétrospectivement, McLibel n’a jamais été qu’un simple tract. C’était une bataille sur le pouvoir des multinationales à bâillonner la critique par voie judiciaire, et sur la capacité du droit britannique à protéger la liberté d’expression ou à profiter de sa répression. Comme l’a averti Keir Starmer : l’enjeu n’était pas seulement juridique—il était constitutionnel.

To gain a clearer understanding of the sequence of events in this case, I invite you to view a detailed timeline at the following link:
https://www.ECTHRwatch.org/timeline/mcdonalds/
This timeline provides a comprehensive overview of the key milestones and developments.

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Vincent B. Le Corre

Je suis le témoin clé et le lanceur d'alerte dans l'importante affaire criminelle RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act) visant McDonald’s Corporation et ses complices pour fraudes aggravées, blanchiment d'argent, et corruption. Initialement bénéficiaire de l'anonymat accordé par la Cour européenne des droits de l'homme (Règles 33 et 47 du Règlement de la Cour), j'ai pris la décision en août 2023 de révéler temporairement mon identité. Cette décision, motivée par des préoccupations pour ma propre sécurité et celle de mes proches, a été prise malgré les risques potentiels, dans l'espoir qu'elle soit seulement temporaire et que je puisse bientôt retrouver l'anonymat.